Cravant-les-Côteaux : Bernard Michelet, un champion pour les champignons

Tous les samedis d’octobre, la MJC d’Azay-le-Rideau organise des sorties champignons.
Ancien préparateur en pharmacie, Bernard Michelet, explique tout aux promeneurs.
Bottes ou chaussures de randonnée aux pieds, panier à la main, un groupe d’une
dizaine de personnes est parti samedi matin ramasser des champignons dans la forêt domaniale,
entre Cravant-les-Côteaux et Chinon.

Un endroit stratégique, un « no man’s land » préservé des « hordes de Tours ».
Mais pas des sangliers à en juger par les traces comparables à des trous d’obus
dans les allées centrales. Au loin, des chiens aboient, traquent le gibier.

Organisée comme tous les samedis du mois par la MJC d’Azay-le-Rideau,
cette sortie réunissait un maître, Bernard Michelet, ancien préparateur
en pharmacie de 88 ans, auparavant organisateur du marathon d’Azay-le-Rideau
et toujours fringuant joueur de tennis de table, et son disciple
Charles Chesneau, savonnier à Azay-le-Rideau et musicien de 47 ans.

« Je ne mange pas de champignon, j’aurais trop peur de me tromper »,
dit en plaisantant Bernard Michelet, dont l’éducation aux mystères
de la forêt a commencé voilà longtemps, sur les pas de
son grand-père du côté de Montrichard.

Ce n’est pas un aliment, mais un condiment
« C’était la guerre, nous avions des coups de bois.
J’ai appris à poser des collets car nous avions faim,
à distinguer aussi les champignons de façon empirique.
De tout temps, les paysans du coin ont été les meilleurs connaisseurs.
» Homme méticuleux, habitué à la mesure pour la préparation de potions,
il a aussi appris les noms latins pour en parler entre connaisseurs
car souvent, entre les régions, les noms vernaculaires ou les surnoms changent.

Pensant bien faire, quelques personnes avaient apporté un couteau. Erreur.
Les champignons se ramassent à la main, en les prenant par-dessous pour prélever
le pied et ne pas détériorer le réseau du mycélium, « le rond de sorcière ».
« En Ukraine, il en a été trouvé un de 25 km de diamètre ».

Bernard Michelet indique aussi que le champignon n’est pas un aliment,
mais un condiment. La consommation ne doit pas dépasser plus
de 150 g par semaine et jamais avec de l’ail, plutôt des échalotes.
« Il faut bien les faire cuire et toujours jeter la première eau. »
Légalement, le ramassage doit se limiter à 5 l par personne et par jour
en forêt domaniale. Bien malin qui peut doser avec précision…

Amanite citrine, bolet des bouviers, cèpes…
« À la pharmacie, le samedi à partir du milieu de l’après-midi,
je voyais passer des dizaines de personnes poser des questions.
Lorsque je ne savais pas, je demandais à l’Inra ou à la faculté.
Ils sont très forts. »

Rapidement, les participants en trouvent, de différentes sortes,
près des souches que ces parasites vont dévorer pour faire le ménage
dans les bois, dans les allées plus humides, et sous les résineux.
« Le bolet a capté la résine, donne un goût d’encaustique à la cuisson. »

Le plus trouvé est l’amanite citrine, blanche ou jaune.
« Sentez cette odeur de pelure de pomme de terre. »
Il montre le liquide semblable au lait, fait observer
les lamelles, parle de la russule, de l’hypholme avec
son odeur de soufre. Plusieurs personnes montrent leur
trouvaille : le bolet des bouviers, historiquement laissé
aux gens de maisons car caoutchouteux. « Un goût de tong »,
pour Charles Chesneau. Des chanceux ont trouvé des cèpes,
mais pas d’oronge, d’amanite des césars, ce bonbon qui valait
l’affranchissement aux esclaves qui en trouvaient pour l’empereur.

S’il est facile de trouver des champignons, il ne l’est pas toujours
de s’y retrouver.

Contact MJC au 06.63.17.72.01